J’ai longtemps hésité par rapport au découpage de mes actes. Initialement, les actes devaient suivre les semestres de notre année scolaire. Mais finalement, je me suis dit que le projet autour du Fils de Zeller devrait avoir l’entièreté de ce second acte, sans être découpé entre deux. Voici donc le début de ce deuxième acte, de cette nouvelle aventure.
Bonne année ! C’est parti pour cette nouvelle année 2022.
On a tout de suite commencé cette année sur les chapeaux de roues avec un nouveau projet ambitieux : monter Le Fils de Florian Zeller.
Avant de parler du projet et de notre travail plus en détail, je vous propose de faire un petit point sur Florian Zeller et son oeuvre :
S’il s’est d’abord fait connaître pour ses romans, Florian Zeller est rapidement devenu un auteur de théâtre reconnu. Depuis la création de sa première pièce en 2004, il a écrit douze pièces, interprétées en France par les plus grands comédiens. Mais c’est avec Le Père que le dramaturge connaît la consécration. La pièce, écrite en 2012 spécialement pour Robert Hirsch, se jouera plus de trois ans, d’abord au Théâtre Hébertot, puis à la Comédie des Champs-Élysées, dans une mise en scène de Ladislas Chollat. Elle est ensuite montée dans une cinquantaine de pays, notamment à Londres et à Broadway, et reçoit de nombreux prix internationaux, avant de devenir un film, en 2021, réalisé par l’auteur lui-même, avec Anthony Hopkins et Olivia Colman. Il est, selon le célèbre journal britannique The Guardian, « l’auteur de théâtre le plus passionnant de notre époque ».
Le Fils raconte l’histoire de Nicolas, un adolescent de 17 ans, en classe de Terminale. Ses parents se sont séparés : sa mère Anne vit seule et son père, Pierre a refait sa vie avec Sofia, avec qui il a eu un enfant Sacha (encore en bas-âge au moment de la pièce). Depuis quelques temps, Nicolas ne va plus en cours, passe ses journées au parc, se referme sur lui-même… Anne, inquiète pour son fils demande à son père d’aller lui parler. Nicolas va emménager chez celui-ci et nous allons alors suivre l’histoire du père et du fils, entre moments de tendresse et violences extrêmes, c’est une véritable crise familiale et personnelle qu’illustre la pièce.
Personnellement, la pièce m’a beaucoup touché. Je pense que d’une façon ou d’une autre, tout adolescent peut se retrouver dans l’histoire de Nicolas et sa relation avec ses parents. C’est une pièce qui illustre des problématiques assez dures que peuvent vivre certaines personnes, adolescentes ou non. Même si certaines scènes se veulent plus légères, le climat général de la pièce est tout de même très tendu et assez violent, notamment vers la fin, avec notamment le suicide de Nicolas. Dans certains aspects, je me suis identifiée à Nicolas et à son histoire. Toutefois, même si je suis très enthousiaste à l’idée de jouer son rôle, je sais que c’est un véritable défi qui m’attend. Même si, je me retrouve dans des sentiments qu’a pu vivre Nicolas, ce ne sont pas des choses que j’ai l’habitude de laisser transparaître et casser l’armure ne va pas être évident. Mais, c’est un bon challenge a relevé, et je pense que ça ne peut que me faire progresser.
Lors de la première séance de théorie de l’année 2022, nous avons donc commencé par nous poser des questions sur les différents personnages de la pièce : comment nous nous les imaginions physiquement ? Moralement ? Comment s’habillent-ils ? Quelle est leur posture ? Leur façon de parler ? La musique qui pourrait leur être associée etc…
Voici donc les quelques notes que j’ai pu prendre sur ma vision des personnages :
(Je les ai représenté à l'aide de Sims. Je n'ai pas réussi à leur faire retranscrire les émotions que je souhaitais, c'est pourquoi ils ont tous l'air super heureux.)
Pierre, le père :
- portrait physique : un homme assez grand, bien habillé (ex : une chemise, un blazer...), bien coiffé, les cheveux courts. Une posture droite, assez fière, stricte. On vit dans sa posture et dans ses vêtements que c'est un homme qui a "réussi sa vie". Une voix forte, qui "en impose", un peu grave.
- portrait moral : un homme fier qui pense avoir réussi sa vie même s'il a traversé beaucoup d'épreuve. Avec son fils, c'est un homme assez calme, bienveillant qui veut être présent pour lui. Toutefois, on voit dans la pièce qu'il peut aussi se mettre très en colère, voir être violent. Il a du mal à gérer la situation entre Sofia, Nicolas et Sacha.
Anne, la mère :
- portrait physique : une femme habillé simplement, sans artifice. Une coiffure plutôt courte, un peu négligée. Sa posture montre qu'elle est assez renfermée, on sent que c'est une femme qui doit gérer beaucoup de choses et qui a beaucoup de soucis. Sa voix n'est pas très puissance, ni très sûre d'elle.
- portrait moral : elle est assez calme mais sans cesse inquiétée. Elle n'a pas beaucoup de confiance en elle. On sent qu'elle n'est pas encore sortie d'une phase compliquée de sa vie. Elle est très anxieuse et angoissée.
Sofia, la femme de Pierre :
- portrait physique : une femme un peu plus jeune que Anne. Les cheveux noirs, mi-long. Une posture droite et fière comme Pierre. Elle est très féminine et bien habillée : une robe, des talons. On sent qu'elle a aussi réussi sa vie.
- portrait moral : une femme fière, confiante, heureuse d'avoir construit une famille. Inquiète à propos du retour de Nicolas. Elle est rapidement méfiante et très lucide.
Elle n'a pas honte du fait qu'elle soit la deuxième femme de Pierre.
C'est une femme très sûre d'elle.
Nicolas, le fils :
- portrait physique : un adolescent. Cheveux courts, assez négligé. Il est habillé de façon assez décontracté mais proprement comme il fait semblant d'aller au lycée : un sweat, un jean, des baskets (la tenue "classique" d'un adolescent). Il a le regard assez fuyant et une posture "renfermée" un peu comme sa mère.
- portrait moral : on peut sentir chez Nicolas un mal-être profond. C'est un adolescent qui se referme de plus en plus et qui est très solitaire. Il a peur du regard des autres, peur de faire mal. A l'instar de sa mère, c'est quelqu'un de très anxieux et angoissé. Il a beaucoup de mal à gérer ses émotions : d'un côté, il parle parfois sans réfléchir et "envoie" ses émotions sans les contrôler, d'un autre côté, il a une grande capacité à cacher ce qu'il pense, ses émotions, ce qu'il fait etc. Quand il se rend compte qu'il dévoile un peu trop ses émotions, il les cache d'un coup et se referme sur lui-même. Le divorce de ses parents et cet tendance à cacher ses émotions ont notamment contribué à sa dépression et notamment à ses idées noires et à la fin, à son suicide. Il devient même presque fou au moment de l'hôpital psychiatrique et de sa sortie de celui-ci.
- portrait chinois :
- couleur : noir (idées noires)
- bruit : silence (non-expression de ses émotions, sa douleur se fait en silence)
- odeur : neutre, aseptisé, hôpital (Hôpital Psychiatrique)
- saveur : sucré (moments, souvenirs :)) / salé (seul, dispute :( )
- matière : fer (lames de rasoirs)
- musique : Autre Part, Bigflo et Oli
A bientôt pour de nouvelles aventures théâtrales,
Gaïa :)