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Clarisse, une mise en bouche de L'Art de Perdre

Gaïa Hauduc-Cordier

Dernière mise à jour : 21 nov. 2021

L'Art de Perdre est un roman d'Alice Zeniter. Il a été adapté et mise en scène au théâtre par la compagnie Filigrane 111. Toutefois, avant de découvrir le spectacle dans son entièreté, la compagnie nous propose de découvrir sa petite forme, Clarisse, dans le but de nous donner envie de découvrir sa grande soeur, l'Art de Perdre. Nous avons eu la chance d'assister à une de ces représentations, dans notre lycée, à Notre Dame des Dunes. Compte-rendu.


Clarisse ? L'Art de Perdre ? Petite forme ? Une petite présentation s'impose...


Le vendredi 19 novembre dernier, nous avons eu l'opportunité et surtout la chance d'assister au spectacle Clarisse, dans la magnifique salle de conférence de notre lycée, transformée pour l'occasion en véritable salle de spectacle.


Clarisse est ce qu'on appelle "une petite forme" de l'Art de Perdre, un spectacle qui sera interprété le 23 et 24 novembre au théâtre du Bateau Feu. Une petite forme, au théâtre, c'est un court spectacle, ne demandant pas beaucoup de moyens, ni beaucoup d'espace, qui sert à faire découvrir un auteur, un texte, mais aussi à introduire un autre spectacle et à donner envie d'aller le voir, comme c'est le cas, ici, avec Clarisse.


Céline Dupuis, comédienne et créatrice de "Clarisse"
Cyril Brisse, comédien et créateur de "Clarisse"

Cette pièce a été crée par Céline Dupuis et Cyril Brisse, de la compagnie Filigrane 111, en co-production avec le théâtre du Bateau Feu. Elle a été adaptée et inspirée du roman d'Alice Zeniter, l'Art de Perdre. Roman primé du prix Goncourt des lycéens en 2017, et qui raconte l'histoire d'une famille algérienne arrivé en France sur trois générations. Nous retrouvons alors Ali (le grand-père), Hamid (le père) et Naïma (la fille). Sur les trois, seule Naïma est née en France. Tout au long du roman, nous suivons leur histoire, et principalement celle de la fille, qui essaie de reconstituer ses origines et son identité face au silence de sa famille sur ce sujet.

Alice Zeniter, autrice de "L'Art de Perdre"

De son côté, Clarisse raconte l'histoire de... Clarisse, la femme d'Hamid et la mère de Naïma, qui, au fil d'une sorte d'interview, fait le lien entre les générations d'Algérie et de France. En parallèle, nous découvrons l'Histoire qui relie ces deux pays et ses conséquences, ici, en France, qui touchent tous les habitants de ce même pays.


Un spectacle minimaliste...


Comme nous le disions tout à l'heure, une petite forme est un spectacle qui ne dispose pas de beaucoup de budgets, de décors, d'espace etc. Clarisse est une pièce qui n'est pas destinée à être jouée dans des grands théâtres, au contraire, elle est destinée à être jouée au plus proche du public, dans des lieux fréquentés par des personnes qui n'iraient pas forcément au théâtre d'elle-même : des établissements scolaires, des maisons de quartier... Pour construire le décor de Clarisse, peu de choses suffisent : deux projecteurs, deux tabourets, des enceintes, un pupitre et un rideau noir pour le fond. Peu d'artifices composent cette scénographie certes, mais bien assez pour nous permettre d'entrer dans l'ambiance et dans l'univers de ce spectacle à l'aide de variations de lumière et de musique. D'ailleurs, à propos de la lumière, au fil du spectacle, elle fluctuait d'intensité, de tamisé à très claire. Dans les moments d' "interview", nous avions une lumière très nette, "éclatante", puis dans les moments "souvenirs" ou "en famille", on retrouvait une lumière beaucoup plus basse, tamisée qui rendait le moment très intimiste entre le public et les comédiens. Pour ce qui est de la musique, elle venait ponctuer certains moments, surtout ceux où nous retournions en Algérie découvrir l'histoire de Ali et Hamid. Elle pouvait d'ailleurs nous faire penser aux musiques venues du nord de l'Afrique avec leurs mélodies envoûtantes et leurs harmonies si particulières.


Poursuivons avec les costumes, eux aussi étaient très minimalistes, des tenues simples, de "tous les jours", là encore, sans artifice.


Ensuite, pour ce qui est du jeu des comédiens, il était très intéressant. Ils avaient chacun plusieurs personnages qu'il leur était attribué et il était fascinant de voir leur manière de sauter de l'un à l'autre en changeant de voix, de façon de parler ou plus simplement en l'indiquant par la parole. C'était très impressionnant et nous pouvons affirmer sans aucun doute que c'est une réelle performance.


Enfin, je terminerai cette description en revenant sur la salle qui, même si ce n'est pas une salle de théâtre, permettait de vraiment être au plus proche des comédiens et de renforcer cette intimité entre les personnages et le public qui colle très bien au format de la pièce.


Un avant-goût très bien réussi


Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ce court spectacle. Je l'ai trouvé très intéressant car malheureusement, dans notre société actuelle, en France, la guerre d'Algérie et le fort mouvement migratoire qui a suivi, nous est souvent raconté du point de vue des Français et pas assez du côté Algérien, tout aussi important.

Logo de la compagnie "Filigrane 111"

Ce roman d'Alice Zeniter et cette ou plutôt ces adaptations de la compagnie Filigrane 111 permettent de découvrir ce point de vue et c'est très enrichissant. Il nous permet de nous poser des questions sur cette période, de nous mettre à la place de ces personnes et de mieux comprendre leur histoire. De plus, si nous n'avons pas l'occasion de voir l'Art de Perdre par la suite, malgré une forte envie de le voir, Clarisse nous permet quand même d'en apprendre beaucoup. Ce n'est pas parce que c'est une petite forme qu'elle ne nous révèle et ne nous raconte rien, bien au contraire. Elle nous met l'eau à la bouche tout en nous en apprenant amplement. Le seul point négatif que j'émettrai, s'il fallait à tout prix en émettre un, serait le passage où la comédienne qui joue Clarisse raconte une discussion entre différents personnages de la famille d'Ali, j'ai personnellement trouvé ce passage un petit peu plus difficile à suivre que les autres. Mais, ce ne serait vraiment que le seul point que je trouverai et encore il doit être en grande partie du à ma fatigue du vendredi soir...



Couverture du livre "L'Art de Perdre" d'Alice Zeniter

Bien évidemment, je conseille d'aller voir Clarisse et même de découvrir l'Art de Perdre par la suite pour vraiment parcourir toute l'histoire de cette famille. Si personnellement, je n'aurai pas la chance de voir l'Art de Perdre au théâtre, je pense toutefois lire le roman d'Alice Zeniter qui à l'air très intéressant. Il sera sans aucun doute ma prochaine lecture entre deux lectures scolaires pour le bac de Français.

Cependant, je pense qu'il faut tout de même avoir quelques références historiques pour pouvoir comprendre l'histoire, même si la majorité d'entre elles sont expliquées durant le récit, ce qui est d'ailleurs un autre de ces points positifs. Le spectacle est peut-être plus adapté pour un public déjà au collège, vers 13-14 ans. C'est d'ailleurs l'âge que préconise le Bateau Feu pour l'Art de Perdre.



Pour conclure, je réitèrerai mon enthousiasme pour ce spectacle que j'ai vraiment trouvé génial, tant par son côté intimiste très bien recherché et adapté que par son côté pédagogique qui nous apprend beaucoup sur cette période de l'Histoire qui nous concerne tous.


Gaïa Hauduc-Cordier


A bientôt pour de nouvelles aventures théâtrales,

Gaïa :)


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